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Elections cantonales : Les raisons d’un bouleversement

Depuis le 1er tour des élections cantonales de dimanche dernier, plusieurs leçons peuvent être tirées. La première est la défiance, voire l’hostilité du peuple à l’égard de la politique. Cette attitude s’est manifestée par le score historique de l’abstention. Il faut reconnaître que ces élections ne passionnent pas les foules, et plutôt qu’effectuer un tripatouillage électoral dans 3 ans, il aurait mieux fallu supprimer les conseils généraux, et transférer leur compétences à la région.

Le deuxième enseignement est l’effondrement de l’UMP et l’échec de l’alliance avec le Modem. Pour faire battre Michèle Delaunay, l’UMP et Alain Juppé ont pris tous les risques, notamment l’alliance avec un parti bien diminué en terme de poids électoral. La droite est à un niveau historiquement faible. Ses candidats sont non seulement sans grande personnalité, mais le programme qu’ils défendaient est inaudible. Pour preuve, le nom de leur liste : « Gironde Dynamique et Solidaire », dont le vocable évoque plus le parti socialiste que la droite décomplexée !

L’électorat de CPNT (fondu dans la majorité présidentielle) ne suit pas les consignes de ses leaders. En témoigne le score du FN dans le Médoc et le Libournais.

Pour le Front national, le succès est sans conteste. Non seulement il se hisse au second tour dans 6 cantons, mais les scores qu’il effectue lui laisse espérer des lendemains qui chantent. Pourtant, tout était réuni pour un score médiocre : une forte abstention qui l’a toujours handicapé (celle-ci touchant d’abord les jeunes et milieux populaires qui sont son principal réservoir). Un parti en pleine reconstruction, manquant de cadres implantés, et n’arrivant pas à trouver des candidats dans tous les cantons renouvelables. Enfin, un type de scrutin très défavorable, où la notabilité et le réseau, sont des atouts indispensables pour être élus.

L’UMP a du souci à se faire. Depuis quelques années, elle a perdu toutes les élections intermédiaires (municipales, régionales, et bientôt cantonales). Le sénat, bastion historique de la droite, pourrait même basculer. Pourtant, elle risque de vivre un cauchemar en 2012, avec un éclatement à terme. Celle-ci refusait toute alliance avec le Front national, non seulement par sa supériorité en terme électoral, mais aussi par sa soumission à une pensée de gauche, dont elle n’arrive pas à se défaire. Faut-il faire un « front républicain » ? Doit-elle appeler à voter PS quand celui-ci est opposé au Fn ? Que fait le PS quand le second tour oppose un candidat UMP à un communiste ? C’est vrai, le PC est allié du PS !

Si la droite classique est dépassée par le Fn en 2012, elle sera en position de faiblesse, et il n’est pas évident que le « cordon sanitaire » tienne longtemps. La droite populaire (aile droite de la majorité) tient des discours que ne nieraient pas de nombreux responsables du Fn. Comme disait Marine Le Pen : « quand le Front est à 15%, l’UMP parle comme le Fn. Quand celui-ci sera à 30%, il n’auront plus le choix que d’agir ou de disparaître ».

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1 réaction

  1. Il y a dans cette course insensée à la consigne de vote une incroyable ineptie sur la forme, mais de nos jours, le fond n’est-il pas la forme ? Et une ignoble et double injustice sur le fond.

    Sur la forme on peut se demander comment de gens supposés sensés peuvent imaginer que les votants, qui au passage votent cette fois de façon incontestable pour un Homme et non pour un parti, vont prendre leur décision dans le respect de consignes ou de recommandations données de bien loin.

    On peut aussi se demander pourquoi de telles consignes seraient suivies au second tour, alors que celle de voter en leur faveur ne l’a pas été au premier, mais peut-être ont-ils omis de donner la consigne.

    Sur le fond, le fait de considérer que plus de quinze pour cet des votants, n’ont pas compris le danger qu’il y avait à voter pour un parti prétendument antirépublicain, tend à démontrer que ces irresponsables, sans doute déficients mentaux, ne devraient pas avoir le droit de vote, ou que leur choix ne devrait pas être pris en compte.
    Ceci n’est pas sans rappeler certain référendum sur la constitution européenne où l’on nous a expliqué qu’il était interdit de choisir le non, ce qui a été confirmé par la suite, ce qui avait été majoritairement refusé sous forme de pilule, étant administré en suppositoires !

    Sur le fond toujours, ce parti dit antirépublicain, n’est pas sauf erreur à ce jour interdit, pas plus d’ailleurs qu’il n’a eu l’occasion de montrer son anti républicanisme dans des actions de gouvernement.
    Il n’en n’est pas de même de ce parti pour lequel, la majorité actuelle conseille de voter, si elle-même a été éliminée, et qui a toujours entretenu des relations étroites avec le seul parti, qui certes sans en adopter la démarche a toujours tenu à porter le nom du plus horrible des régimes totalitaires que la planète ait connu.

    La menace d’un danger si l’on votait pour le parti maudit par beaucoup de bonnes consciences un peu hypocrites, risque d’être contraire au but recherché, dans la mesure où certains pourraient être tentés par la recherche de sensations fortes – la chevauchée du tigre diraient certains- qui seraient moins forte en l’occurence qu’en suivant les ineptes consignes de vote.

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