En mai 2008, le ministre de l’agriculture, Michel Barnier, lançait un plan de modernisation de la viticulture française, afin de l’adapter « aux règles de la concurrence mondiale, notamment des producteurs du Nouveau Monde ». L’objectif affiché par le gouvernement était de « renforcer la compétitivité de la filière ». Objectif louable aux vues des difficultés de nombreux viticulteurs, mais dont la mise en œuvre des subventions semble l’objet d’un véritable détournement.
227 millions d’euros, c’est la somme allouée en 2010 (contre 179 millions en 2009) pour ce « plan de modernisation de la viticulture ». Il s’agit notamment d’une prise en charge d’environ 40% des investissements matériels des entreprises viticoles.
Une bonne initiative ? Oui, mais en pratique on se demande à qui cette aide a profité. L’enveloppe globale est distribuée selon des critères précis d’attribution. Le demandeur « doit être à jour de ses obligations fiscales, sociales et environnementales » et doit, de plus, pouvoir prouver qu’il est en mesure de s’acquitter des 60% restants.
Les petites entreprises, celles qui ont vraiment besoin de ces aides ont donc le plus grand mal à bénéficier de ces subventions, ne disposant pas toujours de la trésorerie nécessaire ou n’ayant pas réussi à se mettre aux normes par manque de capacité financière (A Bordeaux, le prix d’achat du tonneau est descendu jusqu’à 600 euros, contre un prix de revient moyen aux alentours de 1200 euros).
Les grosses propriétés du bordelais ont jouées parfaitement le jeu de cette aide gouvernementale. Elles bénéficient donc de subventions versées jusqu’à 40%, et sans aucun plafond ! On voit ainsi depuis plusieurs mois des structures ultra modernes sortir de terre, financées en partie par les contribuables !
Ceux qui ont réellement besoin d’être aidés et qui ont mis du temps pour monter leur dossier se retrouvent devant une enveloppe vide. Simple défaut de mise en place, faille du système ou organisation délibérée de récupération de fonds ? La question se pose quand on sait que les grands groupes viticoles appartiennent souvent aux banques, assurances et autres, bien au fait de ce genre de dossier…
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