La production de vin, on l’oublie trop souvent, est comme toutes les activités agricoles, liée aux aléas de la nature. Et celle-ci n’a pas été clémente avec les vignerons l’année dernière. Résultat, le millésime 2013 s’annonce globalement faible, avec des quantités historiquement basses à Bordeaux, notamment dans les grands vins, qui effectuent une sélection de plus en plus drastique.
Beaucoup d’exploitations connaissent une situation financière très précaire, et la grêle qui s’est abattue sur une partie du vignoble, notamment dans l’entre-deux mers, risque d’être fatale pour un certain nombre d’entre-elles. C’est pour attirer l’attention des pouvoirs publics, qu’avait lieu ce matin une manifestation du collectif « SOS vignerons sinistrés », qui demande notamment une réorientation des aides directes pour ceux qui sont au bord du dépôt de bilan.
Concernant les 200 étiquettes les plus prestigieuses de Bordeaux, si elles ne représentent qu’une infirme quantité de la production totale, elles participent bien évidemment à la réputation de nos produits, en particuliers à l’export, où la demande n’a cessé de croitre ces dernières années.
Dans quelques semaines, des importateurs du monde entier vont venir à Bordeaux afin de goûter le nouveau millésime, qui sera pré-vendu lors des ventes « en primeur ». Ce système unique dans le monde consiste à vendre la production avant que celle-ci ne soit mise en bouteille. Il permet aux propriétaires d’avoir une avance de trésorerie, et aux négociants, ainsi qu’aux clients particuliers, de bénéficier de prix plus intéressants, espérant faire une plus-value dans quelques années.
Cette année, les acheteurs du « grand-export » (Etats-Unis et Asie) risquent d’être peu nombreux, et les ventes seront concentrées sur les marchés européens et sur la grande distribution en France. Le « pape » du vin, Robert Parker, ne délivrera pas ses notes, dont l’influence sur les ventes n’est plus à démontrer.
Après les années fastes (2009 et 2010), c’est donc une nouvelle année délicate qui s’ouvre pour les producteurs bordelais, et toute la filière. Secteur d’autant plus important que les vins et spiritueux représentent le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française.
L’article n’évoque pas, ou peu, l’aspect qualitatif du millésime.
En rouge, si les résultats seront nécessairement irréguliers, il y aura aussi de belles réussites, avec beaucoup de fraîcheur, de souplesse et d’élégance. Les vins pourront ainsi être à boire relativement tôt, sans que cela les empêche de pouvoir être conservés quelques décennies, pour peu qu’ils proviennent des bons terroirs et qu’ils aient pu être élaborés dans ce but.
Comme les prix ne seront pas à la hausse, 2013 pourra être une aubaine pour le consommateur.