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Bordeaux : Exposition sur Tromelin, l’île des esclaves oubliés

En 1761, plusieurs dizaines d’esclaves malgaches étaient abandonnés par leurs geôliers français sur un îlot de sable (Tromelin) de l’océan Indien après un naufrage. Pendant quinze ans, ils sont parvenus à survivre dans des conditions extrêmes. Lorsqu’une corvette gagne enfin l’île pour secourir les derniers survivants, il ne reste plus que sept femmes et un enfant de huit mois

Annabelle Georgen, dans Slate, décrit en détails cette histoire : « Une nuit de l’été 1761, l’Utile, un vaisseau de la Compagnie française des Indes orientales se fracassa sur le récif corallien qui entoure l’île. Il avait à son bord une cargaison de 160 esclaves malgaches achetés illégalement par le capitaine, Jean de La Fargue, qui avait pu compter sur la complicité de ses officiers et de l’administration coloniale française. Enfermés dans la cale, dont les issues étaient clouées chaque soir par l’équipage par crainte d’une révolte, la plupart des esclaves périrent dans le naufrage. Ce n’est que lorsque la coque du bateau finit par se disloquer quelques heures plus tard que les derniers survivants purent s’échapper et gagner à la nage l’étendue de sable toute proche.

Dans les jours qui suivirent le naufrage, l’équipage du navire, composé de marins français qui avaient embarqué à Bayonne un an plus tôt, s’attela à la construction d’une embarcation de fortune à partir des restes de l’épave. Au fur et à mesure du chantier, il apparut que les dimensions du futur bateau, baptisé La Providence, ne permettraient pas de transporter tous les naufragés. Seuls les Français s’arrogèrent donc le droit de reprendre la mer, laissant les Malgaches sur l’île avec la promesse de revenir les chercher. Une promesse en l’air.

Quinze ans plus tard, un navire du nom de La Dauphine vint finalement leur porter secours. Sur les 80 naufragés qui avaient été abandonnés sur l’île deux mois après le naufrage, il ne restait plus que sept femmes, et dans les bras de l’une d’elles, un bébé de huit mois. Tout ce que l’on sait du destin des survivantes, c’est qu’elles furent affranchies à leur arrivée sur l’île Maurice et refusèrent de rentrer à Madagascar, sans doute par peur d’y être à nouveau mises en esclavage ».

Sans l’intervention d’un ingénieur de l’île un peu plus bavard que les autres et la détermination de l’explorateur français Max Guérout, l’histoire des esclaves de l’île de Tromelin serait restée frappée du sceau de l’oubli. Cet ancien officier de marine reconverti en chasseur d’épaves, fondateur du Groupe de recherche en archéologie navale, a piloté quatre expéditions archéologiques sur l’île de Tromelin entre 2006 et 2013 pour tenter de comprendre ce qui s’y était tramé entre 1761 et 1776.

Une exposition à Bordeaux au musée d’Aquitaine leur rend hommage (jusqu’au 30 avril 2017). Tarif d’entrée 6,50€ / Réduit 3,50€.

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