Ce n’est pas la première fois que le jardin public est le théâtre de cérémonies religieuses. Tous les ans, lors de la Semaine Sainte, un chemin de croix est organisé par le diocèse de Bordeaux.
Le dimanche 29 Novembre, la Fraternité Saint Pie X organisait une messe à laquelle 400 personnes ont assisté (selon la préfecture). Les organisateurs avaient déclaré une « manifestation revendicative », précisant qu’elle prendrait la forme d’une messe. Ces derniers souhaitaient en effet protester contre la jauge imposée par le gouvernement de 30 personnes aux offices dominicaux.
Quelques heures après cet évènement, le Conseil d’État donnait raison aux catholiques en colère et annulait le décret du gouvernement. La juridiction avait été saisie en fin de semaine dernière par les évêques et plusieurs associations catholiques qui dénonçaient une mesure « non nécessaire, disproportionnée et discriminatoire ».
La Fraternité sacerdotale Saint Pie X, qui possède plusieurs lieux de culte en Gironde et une paroisse à Bordeaux (près de la barrière du Médoc), avait organisé une cérémonie rassemblant de nombreuses familles. Aucun trouble à l’ordre public n’a été déploré par la police municipale présente sur place.
L’abbé Michel Frament y a tenu un sermon très offensif, dénonçant l’oubli des plus de 200 000 avortements qui ont lieu en France tous les ans. Selon la doctrine de l’Eglise catholique, rappelée par Vatican II, « L’avortement est, de loin, par le nombre, la manifestation la plus grave du mépris de la vie de l’innocent » (…) C’est un crime abominable (cf. GS 51) parce que Dieu, maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie et que, précisément, ils abusent de cette confiance en devenant les meurtriers de ceux dont ils sont appelés à être les protecteurs ».
Cette cérémonie religieuse, déclarée auprès des services de la préfecture, a suscité l’ire de plusieurs organisations et personnalités de gauche. Ainsi, dans un communiqué de presse, le Parti communiste français « condamne la messe qui s’est déroulée dimanche matin dans l’enceinte du Jardin public avec l’assentiment de la Préfecture de Gironde. Cette dernière a donné son autorisation sans en avertir la mairie de Bordeaux ce qui est totalement en contradiction avec les principes républicains ».
Sarah Bromberg (présidente locale de la Licra) dénonce, quant à elle, des « valeurs Républicaines bafouées », mais ne disait rien quand la communauté juive organisait la fête d’Hanouka dans les rues de Bordeaux.
L’opinion d’un grand nombre d’internautes est résumée par Michel, qui, sur Facebook, décrit une « gauche plus prompte à critiquer des catholiques pacifiques que les casseurs qui ont dégradé le centre-ville de Bordeaux et gravement importuné les commerçants ».
Addendum 02/12/2020 à 18h01 : Dans un communiqué de presse, l’abbé Michel Frament, le prêtre qui a organisé la messe au Jardin public, souligne les « inexactitudes » relevées dans la presse et en particulier dans le journal Sud-Ouest et tient à préciser.
- « La « messe en plein air » était clairement indiquée dans la rubrique du formulaire de déclaration « 1. OBJET DE LA MANIFESTATION », comme l’y autorisent la loi et la jurisprudence administrative, même récente. La manifestation n’a donc pas été « détournée » en messe.
- Un « véhicule pour la logistique : petite sono » était indiqué dans la rubrique « 8. OBSERVATIONS PARTICULIERES » : camion sono, banderoles… ». Il a servi à apporter le matériel de messe et la sono ainsi qu’à emmener une personne à mobilité réduite de 90 ans sur les lieux. Il a quitté les lieux, sans avoir été verbalisé, dès que les policiers municipaux le lui ont demandé.
- La déclaration de manifestation a été envoyée par mail conjointement à la préfecture de Gironde et la mairie de Bordeaux dès le mercredi matin 25 novembre 2020 à 10h49. Un deuxième mail, apportant des précisions (emplacement, protocole sanitaire), a été envoyé conjointement aux mêmes destinataires le vendredi 27 novembre 2020 à 14h22. La préfecture de Gironde a envoyé son récépissé le vendredi 27 novembre à 17h52.
- Maître Dominique REMY, avocat qui s’occupe depuis 16 ans des déclarations des évènements (processions, etc…) de la Fraternité Saint-Pie X à Bordeaux, a eu des échanges de mails et des conversations téléphoniques avec les Services de la Mairie de Bordeaux et de Bordeaux Métropole concernant les modalités de cette manifestation. Maître REMY a écrit à M. Pierre HURMIC, Maire de Bordeaux, pour récapituler toute la chronologie de ces échanges en tenant toutes les pièces du dossier à disposition et en rappelant les bonnes relations de travail entre la Mairie de Bordeaux et la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.
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