Depuis les attentats de janvier 2015, et plus encore depuis la décapitation de Samuel Paty, un piège s’est progressivement refermé sur les Français : s’ils ne veulent pas de l’islamisme, ils doivent adhérer à un soi-disant esprit Charlie.
Un choix, que nous n’osons qualifier de cornélien, qu’il convient de refuser catégoriquement. Emmanuel Macron, et la totalité de la classe politique et de la caste médiatique, se font les parangons d’un droit au blasphème, à la caricature et à l’irrévérence qui serait, paraît-il, sacré. « Pas de censure, pas de tabous en France ! » clament-ils tous, la main sur le cœur. Fumisterie que cela !
Faut-il leur rappeler que Dieudonné est devenu tricard à partir de décembre 2003 après un sketch bien inoffensif sur un rabbin israélien ? Il faut revoir l’émission où l’inénarrable Marc-Olivier Fogiel est pris de panique en écoutant les blagues, pourtant insipides, de son invité. Les nouveaux zélateurs de l’insolence sont-ils prêts à rire, en se tapant sur les cuisses, de bouffonneries portant sur les pyjamas rayés et le drame de l’univers concentrationnaire ? Évidemment que non ! Qui se souvient d’ailleurs que Charlie Hebdo a licencié en 2008 son dessinateur historique, Siné, pour une chronique ironisant sur une éventuelle conversion au judaïsme du fils de Nicolas Sarkozy ? Tartufferie que de prétendre que la liberté d’expression s’exerce en France sans limite !
Que Charlie Hebdo, torchon obscène et scatologique, soit devenu la quintessence de la pensée française, en dit long sur l’affaissement intellectuel de nos élites. De même qu’il n’y a pas à choisir entre le monokini et le burkini, il faut rejeter tout autant la charia que Charlie.
Face à la barbarie islamiste qui puise son inspiration dans le Coran, ses opposants auraient pu soulever des arguments rationnels, politiques, théologiques et historiques irréfutables. Ils auraient ainsi mis les musulmans face à leurs contradictions sans les outrager. Mais dans la France contemporaine, autrefois « mère des arts, des armes et des lois », qui a notamment vu naître Descartes, Bossuet et Renan, la seule réponse au défi de l’islam a consisté à exhiber des caricatures aussi vulgaires que dégoûtantes.
De même que ces dessins ne justifient aucune violence à l’égard de leurs auteurs ou de leurs promoteurs, le refus de l’islam, en tant que système politique et juridique incompatible avec notre civilisation, ne nécessite aucune outrance à l’égard des musulmans.
Samuel Paty est mort, atrocement, pour l’avoir oublié. Il a payé de sa vie, comme les nouvelles victimes de Nice, la schizophrénie de l’ensemble de nos dirigeants. Car il faut vraiment être coupé du réel pour brandir, sans craindre le retour de bâton, ces caricatures comme un étendard après avoir permis à l’islam, au cours des quarante dernières années, de s’installer à tous les échelons de la société française. Criminelle contradiction, qui ne surprend pas de la part de ceux qui se font en même temps les défenseurs d’une liberté de mœurs sans limites et les promoteurs de la religion la plus rigoriste en matière de mœurs qu’est l’islam.
Les victimes de Nice, comme toutes celles qui les ont précédées, sont mortes de l’alliance contre-nature entre l’esprit soixante-huitard et l’idéologie islamiste, entre la figure de Cohn-Bendit et celle de Mahomet. La France ne s’en sortira qu’en rejetant l’une et l’autre, et en retrouvant un juste équilibre entre la liberté et l’autorité, qui a fait sa force et sa grandeur tout au long de son Histoire.
Tribune libre de Thierry Breton pour Infos-Bordeaux
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