Moufide Bouchibi, va être jugé à Bordeaux à partir du mercredi 1er septembre 2021. Il a été arrêté au printemps à Dubaï, après plusieurs années de cavale. Ce dernier avait bâti un réseau d’importation de cannabis générant plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffres d’affaires.
Sur les vingt dernières années, il a sans doute fourni des centaines de milliers de consommateurs de cannabis. Connu comme le principal importateur de « shit » du territoire, Moufide Bouchibi est jugé à Bordeaux mercredi 1er septembre pour des trafics remontant au début des années 2010. Il était visé par un mandat d’arrêt international depuis une première condamnation, en son absence, en 2015 à Bordeaux, à 20 ans de prison et un million d’euros d’amende.
Le narcotrafiquant a été arrêté le 21 mars à Dubaï où il avait placé une partie de sa fortune.
L’histoire de l’intéressé – parcellaire tant l’homme reste mystérieux – ressemble à un scénario de thriller. Tout y est, de l’apprentissage du deal en cité aux villas de luxe sur la Méditerranée, en passant par le mentor trahi, les indics de police et, bien sûr, la violence exacerbée d’un milieu où tout est permis, et souvent le pire. Dans un long portrait qui lui est consacré par L’Obs et d’autres articles de presse de ces dernières années, on apprenait que l’homme, né à Orsay (Essonne), avait appris le « métier » sous l’aile de Sophiane Hambli, un autre trafiquant d’envergure, membre d’un puissant réseau d’importation de cannabis. Emprisonné pour la première fois en 2002 après la découverte de 240 kilos de stupéfiants à son domicile, plusieurs tentatives d’évasion avaient été organisées au profit du jeune dealer.
À partir des années 2010, les enquêteurs remarquent le «haut niveau de professionnalisme» de Bouchibi, qui organise des go-fast réguliers entre l’Espagne, point d’entrée des marchandises, et la France. Plusieurs saisies sont effectuées, sans stopper l’ascension spectaculaire du trafiquant, ni surtout pouvoir l’arrêter. «Mouf» se cache tour à tour au Maroc, ou en Algérie, où il aurait fait construire un hôtel pour plus de dix millions d’euros à Sétif. Il posséderait également plusieurs biens immobiliers à Agadir, Casablanca, Tanger et Marrakech et des villas sur la côte. Une source ayant témoigné auprès de L’Obs dit penser qu’«il avait un contact au sein de la police judiciaire et qu’il était tenu régulièrement au courant des investigations le concernant. En échange, Bouchibi acceptait de sacrifier de temps en temps une de ses petites équipes en donnant des informations sur ses propres convois».
Le procès durera jusqu’à jeudi.
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