Doyen de la Faculté de droit de Bordeaux sous Vichy, juriste éminent, Roger Bonnard, comme la plupart des Français de l’époque, affichait son soutien au maréchal Pétain, ce qui alimente aujourd’hui un débat sur l’opportunité de débaptiser un amphithéâtre portant son nom.

Ce débat a été lancé il y a quelques années par une association de gauche : « l’Organisation socio-culturelle de l’Université Bordeaux IV ». Un de ses derniers élus, Eneko Etcheverry, est « chargé de mission étudiant à la Culture auprès du vice-président délégué à l’Action culturelle », lettre de mission signée par le président de l’université Montesquieu Bordeaux IV (Yannick Lung), qui était sur la liste des écologistes en 2014 aux dernières élections municipales de Talence.

Il n’est donc pas étonnant de trouver parmi les heureux bénéficiaires de la réserve parlementaire de Noël Mamère, maire de Bègles, l’Organisation socio-culturelle de l’Université Bordeaux IV, à hauteur de 1500 euros !

Mis à part ces étudiants, quelques professeurs souhaitent mettre sur le devant de la scène un débat qui indiffère totalement les étudiants bordelais. On retrouve Yann Delbrel, professeur d’histoire du droit. Proche de la Ligue des droits de l’homme, ce dernier était, jusqu’au dernières élections municipales, élu sur la liste du socialiste Gérard Gouzes à Marmande. Ce dernier a dirigé, en 2013, la rédaction d’un rapport sur le décanat de Roger Bonnard, rapport jugé « insuffisant » par Loïc Grard qui dirige l’ensemble Droit science politique économie et gestion (DSPEG) à Bordeaux. « Je veux un autre rapport avec des auteurs indépendants » a déclaré celui-ci à l’AFP (Agence France Presse).

Il est vrai que la composition de cette commission fait douter sur son impartialité. On y retrouve notamment le jeune Eneko Etcheverry, très engagé dans le dossier, ou encore Xavier Martin, « doctorant en histoire du droit » et qui est par ailleurs militant au sein des jeunes socialistes.

Dernier acteur de ce débat, Michel Bergès, un enseignant en sciences politiques qui prépare un livre sur Roger Bonnard. Il est décrit par le journal Libération comme « un ancien compagnon de route du Parti communiste ».

Pour l’avocat bordelais Bernard Noyer (photo), auteur d’une thèse sur Bonnard, ce dernier a été, « comme beaucoup d’autres », profondément marqué par le « traumatisme collectif » de la débâcle de 1940 et a considéré que « la Providence » avait envoyé Philippe Pétain. C’était « un Homme de droite, conservateur et catholique ». Des qualificatifs qui sont autant de défauts pour une gauche décidé à expurger son nom de l’Université.