Christophe Lavigne a été perquisitionné dans le cadre de l’état d’urgence. Placé en garde à vue, jugé et condamné. Il a le profil idéal pour que la presse en ait fait un dangereux activiste d’ultra droite, prêt à passer à l’action. On aurait trouvé chez lui un « arsenal de guerre ». Dixit « Sud-Ouest », qui joue à se faire peur et à nous faire peur. Le journal Minute, dans sa dernière édition, a souhaité l’interroger. Nous publions sur Infos-Bordeaux quelques extraits.
« Minute » : Le 19 janvier, vous avez subi une perquisition opérée dans le cadre de l’état d’urgence. Comment s’est-elle déroulée ?
Christophe Lavigne : J’étais chez moi, à Libourne, en Gironde, avec ma fiancée. Nous nous étions levés tôt. Vers 7 heures du matin, depuis la fenêtre de la cuisine, on a noté une activité anormale sur le parking de la résidence. Il y avait des véhicules circulant tous feux éteints et des hommes en noir, munis de pistolets mitrailleurs, qui en sortaient ! On s’est dit : « Tiens, ils ont repéré un djihadiste dans le quartier. » Perdu ! J’ai vite réalisé que c’était pour moi. Trois minutes plus tard, ça a frappé à la porte. « Gendarmerie, ouvrez ! » Je me suis précipité pour ouvrir avant qu’ils ne l’enfoncent et on s’est retrouvés face à un couloir éclairé par des lampes torches, les pistolets-mitrailleurs braqués sur nous. On a été plaqués contre le mur et une colonne est entrée dans l’appartement pour fouiller. Je leur ai indiqué tout de suite où se trouvaient les armes, sans inquiétude majeure puisque c’étaient des armes pour le tir sportif que je pratiquais on ne peut plus ouvertement puisque j’étais inscrit dans un stand de tir, puis les éléments d’intervention sont sortis pour laisser la place à des gens en civil, gendarmes et agents du renseignement intérieur. Ils ont aspiré les contenus de mon matériel informatique. Ce qui m’a tout de même surpris, c’est qu’ils savaient exactement ce qu’ils cherchaient : les modèles précis des armes, et, aussi, que j’avais laissé trois carabines ailleurs. Je leur ai tout de suite dit qu’elles étaient chez ma fiancée et on y est allé plus tard. Au total, entre perquisitions et interrogatoires, ça duré la journée complète et la nuit, plus la journée suivante jusqu’en milieu d’après-midi. J’ai été déféré devant le procureur qui m’a fixé la date d’audience pour le 23 février.
Au lendemain de votre jugement, le 24 février donc, « Sud-Ouest » a titré : « Six mois de prison pour avoir caché un arsenal de guerre chez lui »…
En fait d’« arsenal de guerre », c’étaient des armes destinées au tir sportif ! A savoir des carabines 22 long rifle et une carabine chambrée en 44 Magnum, que m’avait donné mon père, et une carabine que j’avais acquise moi-même, parfaitement déclarée donc en règle, qui était chambrée en 7.62 par 51 Otan, un calibre standard. Il n’y avait donc que des armes de catégorie C destinées au tir, et, évidemment, aucune arme automatique ou semi-automatique, aucune arme de poing, bref, rien qui ressemble de près ou de loin à un « arsenal de guerre » !
Pourquoi avez-vous pris six mois de prison alors ?
J’ai pris six mois, aménageables quand même – cela va être du ressort d’un juge d’application des peines –, pour infraction à la législation sur les armes. Cela n’a rien à voir avec une quelconque intention terroriste ! (…)
Sud-Ouest » a conclu son article sur votre procès en ces termes : « Sachant que ses convictions politiques n’ont pas évolué, cette dissonance entre son bon comportement apparent, notamment le respect de ses obligations judiciaires, et ses actes illégaux posent question, comme l’ont souligné la juge et le procureur ». Qu’en pensez-vous ?
J’ai lu cela… « Sud-Ouest » rentre, au choix, dans le délit inversé de sale gueule – je suis poli et je porte une cravate, ça dérange ? – ou dans le délit d’opinion. Mes convictions politiques, qui sont au demeurant partagées par un nombre croissant de Français, n’ont pas changé. Et alors ? Il n’a pas été question à l’audience d’une quelconque dimension idéologique dans cette affaire. On n’a parlé que de législation sur les armes.
Entretien complet à lire dans le numéro du mercredi 2 mars 2016
C’est quand même flippant d’être condamné pour ça. Soutien à ce jeune homme et arrêtez de lire le Sud ouest !
Ce fait divers relance à sa façon le débat du port d’armes en France auquel je suis de plus en plus favorable.
Quand les prochains attentats se dérouleront dans l’école de nos enfants, on aura