Nicolas Sarkozy s’est une nouvelle fois appliqué samedi à tailler en pièce le concept d'”identité heureuse” porté par Alain Juppé, le favori de la primaire de la droite qu’il est venu défier dans son fief de Bordeaux.
“Remarquez, il y a un progrès dans l’identité heureuse: maintenant, on a le droit d’employer le mot identité”, a ironisé l’ancien président devant plus de 2.000 personnes massées au hangar 14, là même où M. Juppé avait été sifflé en sa présence en 2014 lors de la campagne pour la présidence de l’UMP (devenue Les républicains).
Cette fois-ci en revanche, M. Sarkozy a stoppé net les premiers sifflets adressés au maire de Bordeaux : “je vous demande de vous souvenir que j’aurai besoin de tout le monde le 27 novembre, quand on aura gagné“.
Mais “je ne crois pas à l’identité heureuse quand je vois sur le sol de la République française des jeunes nés, éduqués, élevés en France qui sont moins bien intégrés que leurs grands-parents qui n’étaient pas Français et n’ont pas été éduqués en France“.
“Identité heureuse, quand je vois l’Afrique qui va doubler de population en trente ans et la France et l’Europe qu’on veut culpabiliser de façon scandaleuse alors que ce sont le pays et le continent le plus ouvert du monde ? (…) Identité heureuse ? 238 morts lâchement assassinés par des barbares sanguinaires sur le sol de la République française ?“.
L’ancien président a également une nouvelle fois brocardé les “accommodements raisonnables” avec l’islam, expression une fois employée par Alain Juppé.
“Ce n’est pas un débat médiocre” mais un “débat entre une alternance forte ou alternance immobile“. Car s’il ne “partage en rien” les idées de Marine Le Pen, “la colère du peuple doit être entendue. Je déteste le mot populisme. La démocratie c’est le vote populaire et notre devoir c’est de le respecter“, a lancé M. Sarkozy, quatre jours après l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, oubliant au passage ce qu’il avait fait du vote des Français en 2005 concernant la constitution européenne.
L’ancien président a en revanche laissé la salle conspuer François Bayrou, allié du maire de Bordeaux. “Je n’ai aucun compte à régler avec qui que ce soit et certainement pas d’ailleurs avec quelqu’un qui a été trois fois candidat à la présidentielle sans jamais être capable d’être qualifié pour le second tour“.
Mais “Alain Juppé fait une erreur en faisant un pacte avec Bayrou“, alliance “qui n’a servi qu’à une chose, sauver le maire de Pau avec nos voix pendant qu’il nous trahissait à Paris“.
Il n’a pas non plus épargné François Hollande qui “n’aime que lui”, brocardant une France “malade du nivellement, de l’égalitarisme, de la jalousie“.
“Bordelaise et Sarkozyste, ça existe“, affichait fièrement, sur une pancarte, une militante à l’entrée de la salle, à deux semaines du premier tour de la primaire.
Avec AFP
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