A la suite de la décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire au collège de Conflans-Sainte-Honorine, le ministre de l’intérieur a annoncé qu’il allait bientôt proposer, en Conseil des ministres, la dissolution de plusieurs associations considérées comme «séparatistes». Dans cette liste, figure notamment le très controversé « Collectif contre l’islamophobie en France » (CCIF) et l’ONG musulmane, BarakaCity.
«On voit bien comment l’islam politique se joint à l’islam radical pour finalement mener au terrorisme (…). Il faut combattre l’islam politique avec la même force que le terrorisme», a martelé Gérald Darmanin.
Ces deux associations sont parmi les plus populaires de la communauté musulmane, et bénéficient de nombreux soutiens dans la région bordelaise.
Le CCIF est le premier visé par le ministre de l’intérieur. “Un certain nombres d’éléments nous permettent de penser que c’est un ennemi de la République“, a estimé le ministre, en évoquant le Collectif contre l’islamophobie en France.
Ce collectif est né dans la mouvance des Frères musulmans et de l’UOIF. Son fondateur est Samy Debah professeur d’histoire-géographie de l’Éducation nationale depuis 1993. En juin 2015, le président du CCIF est invité « au ministère de l’Intérieur pour participer à la nouvelle instance de dialogue avec l’islam mise en place par l’équipe de Bernard Cazeneuve » ! La même année, la porte-parole du PS, Corinne Narassiguin, assistait au dîner de gala de cette association.
Dans le département, la plupart des mosquées soutiennent le CCIF et mènent régulièrement des actions conjointes. En décembre 2019, L’Institut de Formation d’études Musulmanes et le Centre Adam (Blanquefort) organisaient un dîner Gala de soutien en faveur du CCIF. Quand Marwan Muhammad, son médiatique porte-parole organise un tour de France pour une « Consultation nationale », la quasi-totalité des lieux de culte du département lui ouvrent leurs portes.
Mais en dehors de la sphère musulmane, le CCIF a également des liens avec plusieurs associations et partis de gauche. La tribune publiée dans le journal du gauche Libération (1er novembre 2019) par le CCIF a été signée par de nombreux mouvements et personnalités de gauche : l’humoriste Yassine Belattar, Esther Benbassa la sénatrice EE-LV de Paris, Olivier Besancenot du NPA, la députée PCF Elsa Faucillon, la Fédération syndicale unitaire (FSU), le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez ou encore Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France insoumise !
A Bordeaux, le 24 novembre 2019, le syndicat des journalistes de la CGT et son représentant Xavier Ridon, appelaient leurs membres à se joindre à un évènement organisé par le CCIF.
La deuxième association visée par le ministre se nomme Barakacity. Elle se présente comme une association humanitaire, fondée en 2008 par Idriss Sihamedi proche du courant salafiste. Son compte Facebook est suivi par plus de 715.000 personnes et suscite un fort engouement chez beaucoup de jeunes musulmans français.
L’interpellation d’Idriss Sihamedi et la perquisition des locaux de Barakacity ont mis en colère de nombreux responsables de mosquées de la région bordelaise. Dans un article publié sur le blog Médiapart, Abdourahmane Ridouane (photo), le président de la mosquée de Pessac, salue son « très cher frère » et souligne « le combat qu’il mène contre les ennemis de notre religion et de notre communauté ». Pour ce dernier bien connu de nos lecteurs, « cette dérive raciste rappelle les heures sombres de l’antisémitisme dont ont été victimes hier les juifs en France ».
Au total, le gouvernement devrait annoncer la dissolution d’une cinquantaine d’associations musulmanes. Est-ce que cette annonce touchera le réseau des frères musulmans très implantés en Gironde ? Le ministre de l’intérieur va-t-il en rester à des effets d’annonces, ou va-t-il faire un grand ménage ? Réponse dans les semaines à venir. Pour l’instant, le seul homme politique local qui a réagi est l’ancien maire socialiste de Pessac, Jean-Jacques Benoît (tweet ci-dessous).
Plus que jamais, la dissolution du CCIF s'impose comme mesure de salubrité publique et de paix civile.#DissolutionCCIF
— Jean-Jacques BENOÎT (@2jbenoit) October 18, 2020
Est ce que les pouvoirs public surveillent également Kacem El Khelouane qui semble faire le lien avec un grand nombre de ces organisations ?